Un stagiaire entreprenant...
Je suis formateur en médico-social. Bref, je suis prof pour des
adultes. Le domaine dans lequel j’enseigne fait que 90% de mes
stagiaires sont des femmes. Et sur les 10% d’hommes, il y en a bien 8
ou 9% de vieux…
Hier, je suis arrivé le premier dans la salle dans
laquelle a lieu la formation. En avance, comme d’habitude. J’ai vu mes
stagiaires arriver un par un. Une par une devrais-je dire… Mais à 5
minutes du début de la formation, un jeune homme au physique avantageux
a pénétré dans la salle. Grand, à la silhouette athlétique, brun aux
yeux marron, au regard perçant. Ses yeux souriaient en me saluant.
J’ai espéré qu’il ne s’était pas trompé de salle et que j’allais bien
profiter de sa présence pendant les deux jours de la session…
Je ne
l’ai d’abord pas trop regardé ; en effet, j’ai beau faire ces
formations depuis quelques années, j’ai toujours le trac au début d’un
cours… Ceci passe dès les premières phrases prononcées, mais, comme un
acteur entrant sur scène, il me faut bien un petit moment avant d’être
complètement détendu.
Quelques minutes après 9h, pour attendre les
retardataires, je me suis lancé. Je commence toujours par
me présenter et donner le programme de la formation. J’ai jeté un coup
d’œil circulaire à la salle pour impliquer tout le monde dès les
premiers mots. Mon regard a plongé dans celui du jeune homme et il s’y
est arrêté. Et la phrase que j’étais en train de prononcer aussi.
J’étais troublé et cela m’empêchais de parler correctement. J’ai
détourné les yeux rapidement pour reprendre le cour de cette
présentation. En me disant que je n’allais pas beaucoup le regarder
pendant ces deux jours… Dommage…
Je ne vais pas vous raconter cette première journée en détail. La routine. Les explications précédaient les exercices de mise en application ; ma formation est rodée. J’ai profité des exercices pendant lesquels ma concentration peut se relâcher pour regarder à ma guise ce jeune homme. J’ai remarqué qu’il s’impliquait beaucoup, participant, posant des questions pertinentes, travaillant sérieusement aux exercices. J'ai à peine échangé quelques mots avec lui aux diverses pauses prévues dans la journée. Ces pauses ont lieu dans une petite salle réservée dans laquelle la société de formation pour laquelle je travaille met à la disposition des stagiaires du café, du thé et des petits gâteaux secs.
Mais aujourd’hui tout a changé. J’ai eu l’impression que dès le
début de la matinée, Alexandre, puisque c’est son nom, n’a eu de cesse
de me mettre à l’épreuve… Dès que mes yeux se posaient sur lui, il me
décochait un de ces regards…
Il a joué à ce petit jeu toute la
journée jusqu’à la pause de l’après midi. Le soleil brillait et presque
tout le monde en a profité pour aller se dégourdir les jambes devant le
bâtiment. J’ai pour ma part préféré rester dans la salle de repos et me
servir un café. Alexandre n’a pas eu envie de profiter du soleil
apparemment puisqu’il m’a rejoint dans cette salle au moment où je
reposais ma tasse sale sur le bord de la table. Il l’a saisie en disant
: « Tiens !, moi aussi je vais me servir un café ». Je lui ai alors
fait remarqué que j’avais bu dans cette tasse. Il m’a alors regardé
avec un air malicieux et a dit en me tutoyant soudain : « Si je bois
aussi dans ta tasse, je vais savoir tout ce que tu penses… »
J’ai dû
devenir tout rouge et mon trouble l’a amusé. Il a rit. J’ai quand même
eu l’audace de lui demander : « Mais ne crois-tu pas qu’il y a
certaines choses auxquelles je pense que tu connais déjà ? ».
Il a reposé la tasse sur la table et, sans s’occuper le moins du monde de savoir si quelqu’un pouvait nous voir, a approché son visage du mien. Je n’ai pas bougé d’un millimètre lui laissant le soin de parcourir toute la distance entre ses lèvres et les miennes.