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yoadr [iôdr]
30 janvier 2005

Un invité surprise.

Pour aller au toilettes chez moi, il faut que je sorte dans le couloir. Oui, je sais, avoir les chiottes sur le palier, c'est pas cool. Vous avez raison, c'est vraiment pas le luxe chez moi, mais c'est chez moi.
En allant aux toilettes, j'ai eu une surprise. Qui est là à m'attendre au milieu du couloir ? Le jeune homme du RER (mais, si, vous savez, celui qui m'apparaît le dimanche et qui n'existe pas). Je suis de plus en plus surpris des endroits où je le croise, mais je ne me pose plus de questions à ce sujet…
Je le fais entrer le temps d'achever le projet qui m'avait fait mettre le nez dehors (pisser !).
« Tu attendais depuis longtemps ?
- Non, pas vraiment.
- Pourquoi tu n'as pas cogné à la porte ? »
Il ne répond pas à ma question et détaille la pièce. J'ai deux pièces en fait, et celle-ci est celle que j'appelle pompeusement : mon bureau. C'est celle où je passe le plus clair de mon temps. C'est là que sont ma télé et mon ordinateur. C'est là qu'il y a des coussins par terre pour que l'on s'assoie. Sur l'un des cotés les plus longs, la pièce est mansardée. Il y a une cheminée hors d'usage. Sur les murs, un plan du métro (avec les rues, parce que je trouve ça joli), la calendrier des Dieux du Stade 2004 (ouvert à la deuxième quinzaine de mai…), un patchwork de petites photos que j'ai faites, quelques affiches dont une pour un festival de cinéma sur les ados qui représente un jeune homme la tête en bas sur un bras en train de faire un mouvement de danse hip hop (très mimi).
Après un petit silence, c'est lui qui parle :
« La soirée d'hier t'as remuée, hein ?
- C'est le moins qu'on puisse dire…
- Pourquoi ?
- J'ai des regrets. Je voulais quelque chose, quelque chose qui était à ma portée, et je ne l'ai pas pris. J'en ai marre des regrets. En plus, j'ai téléphoner à Bertrand tout à l'heure, je lui en ai parlé et ça n'a fait qu'ajouter de nouveaux regrets… »
Il ne commente pas. Il me regarde. Je détourne la tête et laisse filer mes pensées.
« Est-ce que tu veux mourir yoadr ?
- Non. En fait, non, je voudrais disparaître. Que cette disparition n'ait aucune conséquence. Si je me tue, il va y avoir des conséquences et je ne veux pas. J'ai de la famille, ils ne voudraient pas que je meurt. Je ne les ai pas préparé à ça. Je veux dire qu'ils ignorent tout de la profondeur de mon mal-être. J'ai des amis aussi. Ils comptent sur moi. Eux non plus ne voudraient pas que je meurt. Je pense aussi au chauffeur du métro sous lequel je me jetterais. Cela risque d'être un peu traumatisant. Et tous les retards sur la ligne. Les gens qui n'arrivent plus à rentrer chez eux… Non, je voudrais disparaître sans que personne ne s'en aperçoive. Et c'est impossible. Alors, je m'éloigne de la bordure du quai.
- Et pourquoi tu veux disparaître ?
- J'ai l'impression de ne pas être adapté à la vie. De ne pas comprendre, de ne pas prendre les bonnes décisions, jamais. Mon boulot par exemple. Pourquoi je fais pas le boulot qui correspond à mes diplômes ? Je gagnerais bien ma vie. Au lieu de ça, je rame, je n'ai jamais d'argent, je ne peux jamais faire ce que je veux. Quand je bosse, comme en ce moment, je suis content de ce choix. Je vais au boulot le cœur léger. J'ai le trac parce que c'est pas facile de parler une journée entière à des gens qui attendent beaucoup de toi, mais je suis content. C'est ça que je veux faire : enseigner.
- Alors ce job, c'est une bonne décision !
- Oui sans doute. Il faudrait que j'arrête de me dire que je prend les mauvaises décisions. C'est fait maintenant, il faut assumer. Mais pour la soirée d'hier par exemple, j'ai l'impression de ne pas avoir assez réfléchis avant de prendre ma décision. Il y avait une autre possibilité à laquelle je n'avais pas pensé. Et finalement, c'est cette possibilité que j'aurais voulu. Aujourd'hui, je serais euphorique et n'attendrais qu'une chose : la prochaine occasion. Au lieu de ça je regrette.
- T'as qu'à réfléchir plus merde ! »
Il a raison. Il se lève, dit qu'il faut qu'il y aille.
« Tu n'as pas besoin que je t'ouvre la porte en bas ?
- Non, c'est bon. Ciao. »
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Commentaires
Y
Rassure-toi Flo, je n'ai pas *vraiment* disparu... Mais je suis dans un état lamentable et je n'ai même pas eu la force d'allumer mon ordi hier soir (en fait il était allumé et j'ai lu quelques blogs...). En tout cas, pas la force d'écrire le moindre texte.<br /> Je vais me remettre, ce n'est pas la première fois...
F
yoadr?
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