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yoadr [iôdr]
25 mars 2005

Idées noires...

On a voulu me faire une démonstration : qu’une journée ne pouvait être active, remplie et constructive qu’à la condition qu’elle commence à une heure raisonnable, c’est à dire bien avant les 11h auxquelles je me lève habituellement. Alors on m’a forcé à me lever tôt ce matin. On m’a donné un rendez-vous à l’autre bout de la ville pour être sûr que je me lève. A 9h.
Je suis rentré ensuite chez moi. J’ai réussi à faire des choses. Quelques petites choses. En effet, on a bien plus de temps si on se lève tôt. J’ai pu faire tout ce que je fais d’habitude, et d’autres choses encore. La démonstration avait l’air de fonctionner.

Mais une journée qui commence tôt, c’est aussi une journée trop longue pour moi. Plus l’heure tournait et plus l’énergie me manquait. Plus les idées noires gagnaient du terrain.

A 20h, j’avais l’impression d’étouffer. L’air me manquait et les fenêtre grandes ouvertes n’y changeaient rien. J’ai ouvert grand la bouche pour essayer d’avoir plus d’air, en vain.

Mais le bruit venant de la rue me gênait. J’ai refermé brusquement toutes les fenêtres et même la porte à clé pour ne pas être dérangé. J’ai coupé à l’aide des ciseaux de la cuisine les fils du téléphone et j’ai jeté mon mobile par terre pour le casser.

Cet isolement ne suffisait pas. J’ai empoigné une masse, et j’ai commencé à détruire les mûrs intérieurs de mon appartement. Quand le tas de gravas a été assez gros, je me suis servi des briques ainsi libérées pour murer la porte, puis les fenêtres. Bien hermétiquement.

Et j’ai commencé à pleuré. J’étais bien seul et bien isolé, alors j’ai commencer à pleurer toutes les larmes de mon corps. L’eau a commencé à monter. J’ai bouché les trous des lavabos et de la douche pour que l’eau ne puisse pas s’en aller, et j’ai continué à pleurer pour que l’eau monte encore.

Bientôt, je n’ai plus eu pied. J’ai maintenant le visage collé au plafond. Il ne reste que quelques centimètres d’air. Bientôt je ne pourrai plus respirer et je mourrai.

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Commentaires
A
Normalement, un jour, cette sensation rassurante s'arrête.
C
Il ne reviens qu'a toi de faire un lendemain meilleurs...
Y
Je suis content que ce texte te plaise Creek. Il est sorti de moi brutalement. Sans que je sache très bien ce qu'il voulait dire...<br /> <br /> Je me noie dans mon chagrin... Et tout est parti de cette idée de se murer. C'est exactement ce que j'ai fait. Au sens figuré bien sûr. J'ai à peine répondu au téléphone et ai été incapable d'accepter une invitation de copains à aller se balader, incapable de lancer mon logiciel de chat pour retrouver D. Muré.<br /> <br /> Cette démonstration est un fiasco complet. Je vais aller me coucher avec l'idée de dormir le plus longtemps possible pour que, surtout, demain ne soit pas comme aujourd'hui.
C
Se noyer dans son autarcie, c'est une belle image. Je crois que pour survivre, il faut accepter la souffrance qui viens de autres. Les larmes n'ont servi à rien d'autre qu'à s'auto-détruire, c'est un texte très bien écrit que tu nous présente là.<br /> <br /> Merci
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