Vendredi 13
Je me lève et comme tous les matins allume ma radio. France info pendant le petit dej’ et FG pendant la douche et jusqu’à mon départ. Je vous raconterai un jour pourquoi j’écoute France Info le matin ; pour croire qu’il y a quelqu’un à coté de moi qui me parle.
De toute façon ce matin je n’entends qu’un truc : on est vendredi 13 et il y a des millions d’euros à gagner à la Françaises de Jeux (c’est surtout elle qui les gagne les millions…). Et comme tous les idiots comme moi (et je crois qu’on est un paquet !), je me demande ce que je ferrais de tout cet argent… Et à force de me demander, je m’y crois. Dans ce grand appartement, au milieu de ces meubles choisis. Je m’y crois à inviter mes amis à des fêtes inoubliables. Je m’y crois à faire des cadeaux à mes proches. Je m’y crois à avoir ma CB à la main tout le temps.
Et je constate quelque chose d’étonnant. Je suis d’humeur ultra enjouée. Non, ce n’est pas que tout ça ma manque (j’en demande carrément moins !), mais que « jouer » à aller bien (c’est ça en fait), me fait aller bien vraiment.
La journée de boulot n’est pas aussi koule… J’avais planifié une demi journée pour une intervention qui a duré une journée en fait…
Mais ma bonne humeur reprend quand Stéphane me propose d’aller boire un verre. On s’installe dans un bar qu’on aime bien, dans les fauteuils qu’on aime bien, devant le cocktail qu’on aime bien (Shirley Temple et Black Russian). Et on est dans l’état qu’on aime bien. On se raconte les trucs incroyables qui nous sont arrivés dans la journée. Stéphane a passé un concours de la fonction publique qui a marché, retrouvé des collègues oubliés depuis des lustres, croisé Benjamin qu’on a pas vu depuis plus de 2 ans. Ma mère (qui est prof retraité de latin) va coacher les acteurs d’une comédie super production française.
Stéphane va aux toilettes un instant. Et je réalise que ce à quoi il faut que je rêve, c’est pas de gagner la super cagnotte de 100 millions d’euros (y a aucune chance !), mais que je réagisse quand il arrive un petit événement de rien du tout. Par exemple, ce garçon qui a cru que j’allais lui adresser la parole tout à l’heure dans la rue près de chez moi. Et qui m’a dit bonjour. Un peu gêné de se tromper. Je lui ai fait mon plus grand et plus beau sourire, mais j’aurais dû lui parler. Qui sait ?
Maintenant on est samedi 14. Et la bonne humeur est partie avec la journée de la chance, avec les vapeurs de vodka, avec la soirée entre copains.
J’avais des projets. Remettre mon ordi à niveau. Au moins m’acheter un écran plat. Le disque dur et la ram peuvent attendre. Et je trouve des millions de bonnes (mauvaises) excuses pour ne pas y aller. Je marque dans mon agenda : mercredi, surcouf. Tu parles, je sais bien que je repousserai encore…
J’écoute de la musique, un peu fort pour que mon voisin n’entende pas que je chante. Ca passe pas vraiment. Je vais encore perdre un jour de mon week-end.